Alors que des échéances électorales se pointent à l’horizon, l’arcane politique sénégalais est toujours en pleine effervescence. C’est dans ce contexte qu’une nouvelle coalition politique a vu le jour. Comme les précédentes, « Yewwi Askanwi » sera-t-elle un leurre ou une lueur ?
La nouvelle coalition est mise en œuvre par une faction de l’opposition, composée surtout d’anciens dignitaires de différents gouvernements (Wade et Macky). On retrouve dans Yewwi Askanwi des anciens ministres et directeurs généraux. Certains ont d’ailleurs bénéficié des privilèges pendant de longues années.
Après avoir quitté le navire gouvernemental, ils ont été durs envers leurs anciens patrons et les ont taxés de tous les noms. Certains ont fait recours à la virulence dans les discours politiques, parfois prometteurs et trompeurs, pour convaincre l’opinion et ont pointé du doigt le régime.
Opposition faible
Mais cette coalition me semble être comme une amicale regroupant surtout des intellectuels politiques, mais avec des objectifs non-dits. Aussi font-ils semblant d’avoir la même et unique pensée.
De fait, Yewwi Askanwi n’est pas la première coalition d’opposants qui naviguent parfois en contre sens de la réalité. On se rappelle Benno-Siggil Sénégal qui regroupait la crème politique de l’époque, pétrie de talents et d’expériences. Récemment, nous avions aussi assisté à la naissance des Manko (Wattu Sénégal et Taxawu Sénégal, etc.). Mais toutes ces coalitions sont soldées par un échec comme la chute d’un château de cartes.
Cela montre encore à quel point l’opposition sénégalaise est faible et fait face à un problème majeur de leadership et d’objectifs communs. Paradoxalement, les opposants disent œuvrer pour l’intérêt des Sénégalais de tout bord.
Ousmane Sonko, le grand perdant
Cette coalition, Yewwi Askanwi, rejetée par le père de l’alternance, Abdoulaye Wade, qui la considère comme un jeu d’enfants. Et Bougane G. Dany qui signe, mais avec réserve, et risque de finir en queue de poisson. Nous avons également connu la déconvenue de 2017 à la veille des élections législatives.
Dans tout cela, Ousmane Sonko me parait le grand perdant. L’homme qui a farouchement montré son désaccord avec le gouvernement actuel, en ayant comme slogan : « Je suis antisystème ». Il a toujours été amer avec les gens du système allant même jusqu’à dire que les anciens présidents devraient être fusillés tout en critiquant sans complaisance.
Aujourd’hui Sonko retrouve les fils du système et ces retrouvailles laissent des doutes sur la crédibilité et la personnalité anti-systémique. N’est-il pas en train de faire son « wakhwakhet » planifié ? Oui, il me semble qu’il s’est retrouvé avec des politiques qui ont un sombre avenir sur le terrain. Et en politique, il y a toujours le discours et la réalité du terrain.
Khalifa Sall n’est toujours pas éligible. Il sait que son poids électoral n’est plus significatif et profite de l’union pour pouvoir rebondir politiquement. La lionne du Baol a aussi connu une baisse de forme politique. Idem pour Barth, qui ne fait que du Show politique à Dakar. Certains signataires de la coalition sont inexistants politiquement. Ce qui explique leurs interventions médiatiques pour ne pas être oubliés. Et d’autres sont des politiques aussi par circonstance, car voulant juste montrer leur frustration après avoir quitté le gouvernement. Les débutants politiques, quant à eux, profitent de la situation pour se faire la promotion.
Maintenir l’union sacrée
Devant le président Macky Sall, la coalition me parait faible. Avec sa ruse politique, celui-ci pourra d’ailleurs gagner librement les futures joutes électorales.
Les signataires ont donc un grand défi de maintenir l’union sacrée. Si jamais la coalition vole en éclats (ce qui est d’ailleurs probable), la honte aura encore son mot à dire et l’histoire retiendra que le Sénégal n’a jamais eu une opposition unie avec des objectifs officiellement communs. La boulimie du pouvoir et la frustration ne doivent pas permettre d’oublier l’éthique et la déontologie politique.
Les élections locales seront un test. Avant cela, se posera le problème crucial des investitures. Qui sera tête de liste ? Une candidature unique est-elle envisageable ? L’avenir nous donnera des réponses à ces questions. En attendant, le peuple est mature et souverain.
Bocar Harouna DIALLO est Sénégalais et Géographe. Vous pouvez le contacter via son adresse e-mail :
Les opinions exprimées dans son article ne sont pas forcément celles de Sahel Tribune.